Séjour découverte guadeloupe ? Aux AntillesVous êtes ici : Antilles> Guadeloupe> Découverte : Histoire Découverte : Histoire de la GuadeloupeHistoireConnaître, ne serait-ce que dans ses grandes lignes, l’histoire de la Guadeloupe, intimement liée, vous vous en doutez, à celle de la région, apparaît comme un des traits essentiels au visiteur qui souhaite cerner et comprendre le contexte environnemental qui s’offre à lui. « Hier c’est hier, aujourd’hui c’est aujourd’hui » avait dit un certain politicien du Proche Orient. Mais il est des régions, comme la Guadeloupe, où une “connaissance” du passé aide à comprendre le quotidien, car, contrairement à l’Amérique continentale, les îles de la Caraïbe, dans leur grande majorité, possèdent une population « renouvelée ». L’arrivée de Colomb marque, d’une certaine façon, le début de son histoire. Le sujet est d’autant plus important que la société que nous connaissons aujourd’hui est très jeune : elle remonte réellement à la fin du XIXè siècle, voire au début du XXè. C’est, en effet, à cette période, soit une cinquantaine d’années après l’abolition que l’on peu parler d’une société qui se structure au sens large. Chronologie
1635 : Après l’île de Saint-Cristophe (actuel Saint Kitts), la Compagnie des Isles d'Amérique missionne Charles Liénard et Jean Duplessis, sieur d'Ossonville de coloniser une ou plusieurs îles non habitées, comme la Guadeloupe, la Martinique ou la Dominique. La Martinique jugée inhospitalière, le duo choisit la Guadeloupe.
L'espace caribéen fut le premier à rencontrer l’homme venu au-delà des mers. Ses habitants étaient les héritiers de traditions purement orales. Ils ne connaissaient pas l’écriture. Leurs modes de vie et structures sociales étaient très fragiles : ce « château de carte « s’effondra très rapidement au contact de l’Ancien Monde, plus pointu techniquement. De 1492 à 1502, à peine en 10 ans, la population amérindienne des Grandes Antilles s’amenuisa à grande vitesse… pour disparaître totalement à la fin du siècle. Maladies nouvelles (grippe, variole…), combats, rixes, expéditions punitives, déportations (et fuite), assimilations, esclavages ont eu raison de cette culture. Quant aux habitants des Petites Antilles, ils résistèrent plus longtemps et de leur mieux. Mais ils disparurent à leur tour : au XIXe siècle, ils quittèrent également la scène de l’histoire.
Le Méso-indien (de – 5 000 à notre ère)Le début de cette période se caractérise par l’apparition de peuplades chasseurs-cueilleurs. Ils chassent, se déplacent au gré des besoins alimentaires (à priori pas d’habitat) et utilisent la pierre (également os et coquillages) pour divers besoins. Il est fort probable que les hommes du Méso-indien soient remontés jusqu’aux Petites Antilles et de là aux Grandes Antilles, où l’on retrouve une forte concentration de sites (Haïti, République Dominicaine, Cuba, Porto Rico). Le plus ancien site connu des Antilles Françaises est celui de Norman Estate : situé à Saint-Martin, il est daté de la fin du IIIe et du début du IIe millénaire. Vers la fin de cette ère, à partir du Ve siècle avant J.-C., arrive une nouvelle culture originaire de l’Orénoque. Appelée aujourd’hui la culture saladoïde, ceci en référence au site de Saladero dans l’actuel Venezuela, elle se distingue par la maîtrise de l’artisanat (céramique), de l’agriculture, des techniques de navigation et de la pêche. Avec une progression étonnante, ils gagnent rapidement les Petites Antilles et les parties méridionales des Grandes Antilles (Porto Rico, Haïti et la République dominicaine). Ils ont, sans doute, acheminé avec eux des produits comme le manioc, la patate douce ou encore le piment. Les traces identifiées dans les localités qu’ils ont habitées montrent de fréquents déplacements et une préférence pour la côte. La rencontre avec « les chasseurs-cueilleurs méso-indiens « et l’émergence de cette culture est encore méconnue. Peut-être une assimilation pure et simple ? Il se peut également qu’ils aient assimilé une partie et en aient repoussé une autre jusqu’à Cuba : ceux, dans ce cas-là, qu’auraient rencontrés Colomb (les Ciboneys). Mais, pour l’instant, il n’existe aucun indice pouvant aller dans le sens d’une conquête ou expansion brutale. En tout cas, ce sont des agriculteurs hors pair, ce qui ne les empêche pas de connaître l’environnement aquatique. Leur culture évolue avec le temps (accroissement de la population au début de notre ère) et maintient généralement le contact avec le continent.
Le Néo-indien (de notre ère à l’arrivée des colons)Fait curieux, on constate au VIIe siècle des changements non négligeables au niveau de la conception des poteries et de certaines mœurs (comme l’habitat). Leur avancée vers le Nord est perturbée et les liens avec le continent affaiblis. Mais aucun fait et preuves matérielles (destructions, incendies, arrêt brutal des cultures, etc.) attestent d’un chamboulement radical. Ils auraient subi une nouvelle influence provenant toujours du Sud. Cette « nouvelle période » (appelée aussi Huecoïde) qui se différencie du saladoïde, a fait couler beaucoup d’encre. Associé aux témoignages des premiers colons et chroniqueurs des XVIe et XVIIe siècles, ce cycle a été traduit par l’arrivée d’une nouvelle vague migratoire, celui d’un « nouveau groupe » plus rustre (ce qui expliquerait une certaine régression dans l’artisanat). Cela ne pouvait être que les célèbres Caraïbes (ou Kallinagos), dont nous parlent tant les différents écrits. Ainsi, ces farouches guerriers, également originaires de l’Orénoque (actuel Venezuela), empruntent la même voie trinidadienne et éliminent, au fur et à mesure de leur avancée, la culture saladoïde (qu’on aura l’habitude d’appeler arawak), leurs mœurs anthropophages les aidant légèrement dans leur besogne. Cependant, d’une manière bien étrange, ils épargnent les femmes, ce qui explique la différenciation linguistique constatée par certains chroniqueurs. Ils n’auront pas le temps de remonter jusqu’aux Grandes Antilles à cause de l’arrivée des Espagnols. A la suite des différentes vagues et déplacements effectués au sein de la Caraïbe, la population s’accroît, les installations se multiplient. Il apparaît alors un phénomène spécifique aux îles : l’insularité. On distingue alors des différences culturelles entre les individus parsemés sur les îles et ce, malgré les échanges qui perdurent. Ce phénomène a pu être constaté sur de nombreux sites situés sur les différentes îles comme à Friar’s Bay à Saint-Martin. A partir du XIIe siècle, une culture émergente, désignée sous le nom Tainos par les Européens, naîtra dans les Grandes Antilles pour s’orienter, par la suite, vers les Petites Antilles, par conséquent la Guadeloupe.
L’arrivée de Christophe ColombAprès son voyage historique plus long que prévu (35 jours), le célèbre cartographe et marin génois Cristophe Colomb (1451-1506), nommé le 17 avril 1492 amiral par Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, arrive dans la nuit du 12 octobre 1492 à la tête de trois bateaux (La Pinta, La Nina et La Santa-Maria) et de 90 hommes, aux îles connues aujourd’hui sous le nom des Bahamas (à San Salvador, appelée Guanahani par les locaux). Il pensait avoir remporté la première manche : la confirmation d’une nouvelle voie maritime le conduisant au Japon, la route pour la Chine et l’Inde, la source des épices et… de l’or. Ce n’est pas avec le monde asiatique qu’il fait connaissance mais avec « des individus nus comme leurs mères les mirent au monde ». Il s’oriente ensuite vers Cuba et Haïti qu’il baptise « Hispaniola » (l’île espagnole), où il est reçu par les locaux. Bien qu’ils présentent des caractères différents, toute cette population sera appelée « Tainos » par les arrivants de l’au-delà des mers, car ces derniers utilisèrent une expression phonétique proche de ce mot pour les accueillir. Ces premiers contacts avec les indigènes des Grandes Antilles sont tout à fait chaleureux et cordiaux. C’est dans les voyages ultérieurs que les Espagnols rencontreront une farouche résistance de la part d’une partie des indigènes, plus particulièrement ceux des Petites Antilles, d’où la thèse toujours animée des Caraïbes (Kallinagos), qui, à l’opposé des Tainos, acceptèrent mal les nouveaux arrivants. Mais dans la finalité, la rencontre entre les deux mondes tourne au désastre au détriment de l’espace caribéen. Les baptêmes de Marie-Galante, le 3 novembre 1493, de la Guadeloupe le lendemain, de Saint-Martin, huit jours plus tard, seront réservés pour le deuxième voyage. Pratiquement tous les noms que nous connaissons prennent leurs origines de cette époque. C’est ainsi que l’appellation indigène de Karukéra (ou Caloucaéra, qui signifie, dit-on, l’île aux belles eaux) devient Guadalupe, en hommage au monastère royal sacré de Santa-Maria-De-Guadalupe (dans la communauté autonome d’Estrémadure, dans la province de Caceres), lieu où Christophe Colomb avait reçu de la main du roi et de la reine d’Espagne le document officiel le mandatant pour l’expédition « aux Indes ». Notons que la statue de la Vierge qui s’y trouve devint par la suite le symbole évangélique même de l’avancée chrétienne de l’Espagne vers l’Ouest.
XVIe siècleLes portes du « nouveau » continent étant grandes ouvertes et « connaissances faites », les Amériques entrent alors de plain-pied dans la première moitié du XVIe siècle. Colomb meurt en 1506, il quitte la scène très tôt. Les priorités étant surtout commerciales, les « petites espaces », comme la Guadeloupe ou la Martinique, n’intéressent pas les Espagnols, qui préfèrent les Grandes Antilles et une partie du continent. L’île d’Hispaniola est la première colonie des Espagnols, et devient une importante base, le relais de l’expansion espagnole vers le continent. Les autres îles des Grandes Antilles suivent, surtout Cuba. Ce n’est que par la suite, avec l’arrivée d’autres puissances coloniales (France, Angleterre, Provinces Unies), que les Petites Antilles feront leur entrée sur scène. La reconversion des indigènes en esclaves se révélant une tâche impossible, les Conquistadores optent pour une solution qu’ils connaissent déjà. Appelée esclavage ou encore commerce triangulaire, la traite négrière est directement liée au contexte de l’époque. La société coloniale guadeloupéenneLe planteur (maître case) est la personne qui est au sommet de la couche sociale. Il est le propriétaire d’une surface agricole qu’il exploite par l’intermédiaire d’un commandeur (homme de confiance) ou d’un gérant et d’un certain nombre d’esclaves ou d’engagés (les 36 mois). Il habite, en règle générale, dans une habitation, d’où il dirige ses affaires. Dans l’habitation, on distingue les « Nègres d’Afrique », les « Nègres créoles » nés sur l’île, généralement voués à la domesticité. Le « Nègre marron » est un esclave en fuite. Le colon qui n’appartient pas à la classe convoitée de planteur est connu comme le petit-blanc (péjoratif) ou encore petit habitant. De part ses faibles moyens, il est souvent confondu avec l’engagé. Ils disposent parfois de terres et de quelques esclaves. Cette classe aurait été en partie à l’origine des blancs-matignons qui se sont regroupés dans les environs des Grands Fonds. Leur « seule richesse » étant leur couleur, ils auraient pris le soin de ne pas se métisser afin de préserver leurs chances de devenir, peut-être, planteur. Ils ont quasiment disparus, mais le terme existe toujours, plus pour désigner les « quarterons modernes » (mélange mulâtre-blanc, mais bien plus proche du blanc). L’abolition de l’esclavage (1848) pose le problème de main-d’œuvre. On voit alors arriver une petite vague de Blancs engagés contractuellement. On commence à parler de béké goyave (colons sans grand moyen). Noblesse et planteur sont souvent associés, comme une continuité logique. Le sujet est bien plus complexe. Attirés par la richesse des îles, quelques membres de la haute noblesse ne se montreront que plus tardivement. L’entrée dans la noblesse du temps de l’Ancien Régime est multiple et possède ses propres codes internes. Deux aspects sont à souligner. Le premier (roturier) est l’anoblissement par un acte patriotique ou par la charge d’une fonction. Le second, très fréquent, concerne une famille qui y parvient par ses propres moyens (famille d’extraction), que sont souvent l’argent ou la terre. Ces derniers prennent souvent le nom du village d’où ils sont issus. Afin d’encourager la colonisation, donc la production qui en découlerait, quelques privilèges furent apportés aux candidats, comme le titre nobiliaire. Les intéressés pouvaient revendiquer un tel droit une fois certaines conditions remplies. Malgré ces titres de noblesse, la hiérarchie sociale complexe de la noblesse française ne fut pas répercutée en Guadeloupe. Il n’existait donc pas de relation subordonnée entre planteurs. Une fois installée sur l’île, les descendants des colons uniquement furent appelés « créoles ». Expression héritée des Espagnols (criollo), qui a pris un registre beaucoup plus large avec le temps, incluant tout « être » né dans les colonies allant jusqu’à qualifier les pratiques locales. Le terme de « béké » que l’on utilise toujours aujourd’hui est apparu par la suite. Après l’arrivée des premiers colons, l’armature sociale rigide régissant les rapports entre les individus ne s’est pas faite en un jour. Diverses personnes de classe libre, y compris les planteurs, ont continué le métissage, reconnu ou non, consentant ou non ce qui a donné les « sang-mêlé ». Il est apparu alors des expressions au fil du temps pour définir les différentes nuances de couleur. Les plus connues étant mulâtre (mélange noir-blanc, métis), chabin (mélange noir-blanc, mais avec des traits flagrants des deux apports, comme une peau et des cheveux clairs mais des traits négroïdes), quarteron, griffe (mélange noir-mulâtre), câpre (métissage léger), etc. Quelle que soit la nuance, cela donna la classe dite « homme de couleur libre ». Leur nombre augmentera régulièrement créant carrément une nouvelle classe dite « intermédiaire », alimentée par des affranchissements. La Révolution a créé officiellement dans ses recensements le terme de rouge, désignant les anciens esclaves et les hommes de couleur libres. L’apport ethnique de la population continua au XIXe siècle où l’on voit arriver des Indiens (très peu de Chinois, quelques Japonais). Ils seront hierarchisés d’emblée « au plus bas de l’échelle » et enrichiront ce vocabulaire bien particulier avec z’indien malabar, coolie, chapé-coolie (mélange noir-coolie, péjoratif), bata-zindien (mélange noir-coolie, péjoratif). La Révolution et l’esclavageArrivé à son apogée, le commerce de l’esclavage est confronté à la critique dans les sphères intellectuelles des grandes puissances du siècle. Dans la France des Lumières, les camps prennent forme et l’Ancien Régime est mis en cause. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) dénonce le Code Noir. Afin d’apaiser les esprits, le gouvernement de Louis XVI prendra quelques décisions factices, comme celle d’interdire les mauvais traitements. C’est dans un tel contexte que l’on arrive à la Révolution (1789) qui plonge la France dans une anarchie et un désordre total. Des idées révolutionnaires et un roi tué entraînent de nouveau la France en guerre, seule contre l’ensemble des monarchies. Eloignées de la métropole, les Antilles reçoivent des informations au compte goûte. L’assemblée coloniale rejette la Révolution, qui, dans son élan, a rendu public la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789). Napoléon Ier et l’enjeu du commerce colonialLe premier désir de Napoléon est de stopper la marche effrénée et sans fin de la Révolution afin de remettre de l’ordre et, par conséquent, de rétablir l’économie. Il décide que les colonies ne sont pas la France et elles peuvent continuer sous le régime de l’esclavage. La RestaurationL’épisode des Cents Jours clôturé, la Restauration s’installe définitivement en France (1815-1830), avec le retour de Louis XVIII (1815-1824). Lors de son court règne (Cents Jours), Napoléon, par choix politique, avait décidé de supprimer la traite en mars 1815, mais Louis XVIII, de nouveau à la tête du gouvernement, rejette cette décision qui n’est pas sienne. L’abolition de l’esclavageL’Europe de l’ère industrielle bouillonne, l’économie mondiale connaît de fortes avancées techniques et l’anti-esclavagisme, mené en grande partie par les mouvements anglo-saxons, gagne du terrain. L’Angleterre abolit carrément l’esclavage en 1833, rendant la liberté à une population dont une partie se trouve… proche de la Guadeloupe. Voici le contexte dans lequel apparaît un homme qui arrivera, par sa persévérance, à dénouer les incertitudes flottantes : Victor Schœlcher (1804-1893). Si la mémoire collective l’a retenu avant tout c’est bien pour son indéniable rôle de fil conducteur. Engagé dans cette cause à partir des années 1830, il n’a jamais baissé les bras montrant énergiquement la seule issue possible, celle d’une abolition pure et simple. La révolution de février (1848) et l’avènement de la IIe République lui assure enfin le terrain favorable. Un gouvernement provisoire se forme après la fuite de Louis-Philippe. Il en devient le sous-secrétaire d’Etat à la Marine (5 mars 1848). Le 27 avril 1848, l’acte d’émancipation est signé et la phrase historique apparaît : « nulle terre française ne peut plus porter d’esclaves… ». La société post-esclavagisteJadis esclaves, brusquement libres, plus de 80 000 personnes doivent décider de leur avenir. Liberté oui mais l’équilibre social, lui, ne se trouve pas instauré du jour au lendemain, il nécessitera même une longue période d’adaptation allant jusqu’au début du siècle suivant. L’arrivée des IndiensLes recherches d’alternatives à une main-d’œuvre servile avaient déjà commencé avant l'abolition. Les années 1840 sont le passage à l’industrialisation qui demande impérativement des bras en bonne santé, capables de tolérer le climat tropical. Imitant l’Angleterre, la France s’engouffre vers une solution toute prête, l’Inde et ses comptoirs toujours en sa possession. Trop souvent présentée comme « une deuxième forme d’esclavage », il s’agit bien à la base d’une forme d’immigration économique où les impliqués viennent dans l’espoir d’une vie meilleure. Ce sont les dérives (filières illégales, abus, etc.) qui viendront noircir le tableau, éloignant le projet de sa volonté initiale. La Guadeloupe n’est pas la seule destination : de nombreuses autres îles de la Caraïbe et de l’Océan indien, ainsi que le continent américain ont été concernés par ce processus. Le premier bateau, l’Aurélie, arrive en Guadeloupe en 1854 avec plus de 300 passagers. Les planteurs, eux, doivent reverser une taxe pour chaque ouvrier. En 1880, on dénombre une population de 24 000 personnes d’origines indiennes, dispersées sur l’archipel. Cette population fut d’emblée mise au bas de l’échelle. Aujourd’hui, l’île conserve cet héritage social, intégré dans la société guadeloupéenne, que vous remarquerez aisément dans des communes comme Saint-François. La départementalisationLa guerre est finie et De Gaulle rend hommage aux Antilles. Economiquement parlant, la Guadeloupe ressent en partie la situation calamiteuse de la France d’après-guerre : pénuries, envolées des prix. Deux projets de loi sont déposés à l’Assemblée nationale, dont l’un par le groupe communiste. Après de longs débats sur le statut à définir pour les « colonies d’outre-mer », la loi du 19 mars 1946 est promulguée sous le « ministère de la France d’outre-mer », et la Guadeloupe devient finalement un département : Saint-Martin et Saint-Barthélemy lui sont rattachés. La Guadeloupe depuis la départementalisation en 1946La départementalisation, est d’une certaine manière, la deuxième étape marquante de l’histoire de l’île, la première étant l’abolition. Le secteur agricole demeure la première activité économique en employant presque la moitié de la population active dans les années 1950. Le nouveau statut est important au niveau législatif mais côté social, la vie continue sans grand changement jusque dans les années 1950, où la Caraïbe et les pays du Commonwealth connaissent des mouvements de migration. Les Antilles françaises sont concernées. L’Etat prend très vite les choses en main et met sur pied une réglementation : le BUMIDOM est créé en 1961 (Bureau des migrations des départements d’outre-mer) et s’en charge. On part soit pour travailler soit pour faire des études .La région la plus concernée sera l’Ile de France. En 10 ans d’intervalle, la Guadeloupe subit à deux reprises les effets dévastateurs de deux cyclones David et Hugo (1989). Toujours dans les mémoires, le dernier, qui sera comparé à celui de 1928, fait 12 morts, des milliers de sans-abri et des cultures détruites. Il sera suivi d’un élan de reconstruction, sévèrement critiqué par certains milieux. La décentralisation prend forme en 1982 avec la loi Gaston Deferre. En 1983, la Guadeloupe se dote d’une seconde collectivité, le conseil régional (41 membres). Cela donne naissance à un statut particulier, appelé « monodépartemental ». Née le 5 mars 1929 à Saint-Claude et avocat de profession, Lucette Michaux-Chevry devient la première présidente de la nouvelle collectivité (l’actuel président est Victorin Lurel, PS). Trois ans plus tard, elle sera nommée secrétaire d’Etat à la Francophonie sous le gouvernement Chirac. La décentralisation sera suivie dans les DOM par une succession de lois visant à favoriser le développement politique, social et économique. Parmi elles, citons la « Loi d’orientation pour l’outre-mer » (LOOM) qui entre en vigueur un an après la fameuse Déclaration de Basse-Terre (décembre 1999). Signée conjointement par les présidents des conseils régionaux Lucette Michaux-Chevry, Alfred Marie-Jeanne (Martinique) et Antoine Karam (Guyane), la déclaration se donne pour objectif de rendre public le bilan négatif des trois départements. Ce manifeste est très important, et brise des « tabous ». Les termes « d’assistanat généralisé, dérives sociales » sont pointés du doigt et la nécessité d’une « initiative locale » est mise en évidence. La revendication d’une identité guadeloupéenneAvant de tracer son évolution, il faut comprendre le mot « indépendance » dans le contexte des Antilles. La relation Guadeloupe-métropole, a préoccupé d’emblée la classe politique issue de l’ancienne population servile. L’interprétation de cette relation, loin de reposer sur une pensée uniforme, diffère selon les concernés et ce au sein d’une même formation ou de groupe politique € L’éventail est si large qu’il devient plus judicieux de parler de « personne » que de camp ou de parti. Les idées tendent à se rapprocher, plus ou moins, avec le temps, lors de la départementalisation. Le mouvement dit de « Négritude » lancé par Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas et Léopold Sédar Senghor symbolise parfaitement l’époque. En résumé, la Négritude revendique pleinement, ouvertement et avec fierté l’identité. Par extension, elle ouvre la voie à la définition du mot… peuple, par-delà les clivages et les origines diverses. Autrement dit, le besoin d’un socle commun et légitime rapproche une partie des pensées et visions, sans pour autant, parvenir à délimiter clairement les frontières. Aussi, ceux qui prônent l’idée d’une indépendance totale commencent à se différencier et surtout à se radicaliser. Dans cette continuité, il est impératif de rappeler le contexte : la décolonisation, dont l’Afrique est concernée, n’a pas été entamée et l’Algérie est toujours française. La France est alors une puissance coloniale… et loin d’apprécier le développement des idées radicales. Il faudra attendre 1963 pour que la première formation qualifiée d’indépendantiste puisse voir le jour : le GONG (Groupe d’organisation nationale de la Guadeloupe), qui deviendra, en 1978, l’UPLG (Union populaire pour la Libération de la Guadeloupe) et enfin Le Mouvement Guadeloupéen qui sera rejoint par le KLNG (Kombat de libération nationale de la Guadeloupe). En 1964, le Parti communiste guadeloupéen adopte également une ligne indépendantiste. Vingt ans plus tard, les ailes radicales passent à l’action. En août 1980, le Groupe de libération armée (GLA) lance un ultimatum aux Français pour le 31 décembre. Un mois plus tard, en septembre, trois bombes explosent à Pointe-à-Pitre, une autre au Raizet ; un artificier de l’armée est tué. Luc Reinette est arrêté pour l’enlèvement d’une journaliste de FR3. En 1983, trois explosions surviennent dans les trois départements d’outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane). Au mois de novembre de la même année, la radio RCI, tour Cedid, est détruite par une bombe. Une autre bombe fait 23 blessés à la préfecture de Basse-Terre. L’attentat à l’hôtel Méridien de Saint-François et d’autres explosions en 1984 s’y ajouteront. Et aujourd’hui ? Les formations politiques se sont multipliées, apportant leurs visions spécifiques, et les mouvements indépendantistes ont connu plusieurs scissions. La métropole, et à moindre degré d’autres pays, comptent une forte communauté antillaise. La France d’aujourd’hui n’est pas celle de la départementalisation : de plus en plus de personnes parlent ouvertement d’un Hexagone pluri-ethnique et multiculturel. Les « particularités et spécificités » de la Guadeloupe sont de plus en plus mises en avant. Le facteur (non négligeable) de l’Union européenne, qui assure des avantages tant économiques que sociaux est aussi un élément important. Le référendum de décembre 2003 illustrerait-il bien nos propos ? L’image de la Guadeloupe dans l’opinion publique métropolitaine est souvent associée à des velléités indépendantistes… pourtant, le non est sorti gagnant à 72,98 %. La phase réactionnaire, elle, semble faire partie du passé, ce que confirment de nombreux Guadeloupéens qui ont sur ces épisodes le même commentaire que les Corses. Les indépendantistes peuvent faire beaucoup de bruit en étant très peu nombreux, mais ils ne représentent pas l’ensemble de la population de l’île.
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